Communiqué de Rémi Féraud, Maire du 10e arrondissement
Paris, le 18 décembre 2009
« Alors que Paris est atteint depuis quelques jours par une vague de froid, une centaine d’exilés afghans dorment toujours sous les ponts du canal Saint-Martin dans le 10e arrondissement.
Face à cette situation, la Ville de Paris renforce son dispositif d’hébergement. D’abord, en assurant la mise à l’abri des mineurs afghans. Un lieu d’hébergement de nuit et d’accueil de jour ouvrira dans quelques jours au 20, boulevard de Strasbourg.
Pour les adultes, le gymnase Château Landon, dans le 10e, a été réquisitionné hier en urgence par la Ville. Géré par Emmaüs, il abritera chaque soir 30 personnes.
Mais la situation sanitaire de la centaine d’exilés qui restent à la rue est catastrophique. Pourtant, l’Etat ne fait rien.
Et le gouvernement, alerté hier encore par le Maire de Paris, Bertrand Delanoë, nie la réalité de manière éhontée.
Benoist Apparu a ce matin appelé Bertrand Delanoë à « plus de retenue et de responsabilité ».
Mais c’est l’inaction du gouvernement qui est irresponsable.
C’est pourquoi j’invite M. Apparu à venir se rendre compte par lui-même qu’une centaine d’exilés dorment sous les ponts du canal Saint-Martin, dans des conditions inadmissibles, alors que leur hébergement est de la responsabilité de l’Etat. »
PETITION PROPOSEE PAR LA MAIRIE DU 10e A TELECHARGER
Pour les sans-abri, l'anniversaire d'une promesse (non tenue) de Sarkozy
Par Emilie Cailleau, publié le 24/12/2009
En décembre 2006, Nicolas Sarkozy avait promis de donner un toit aux SDF. Un engagement non tenu dont s'emparent le PS et Europe écologie en vue des régionales.
"Je veux que d'ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid". Non, cette citation ne vient pas d'Augustin Legrand, porte-parole des Enfants de Don Quichotte, mais de Nicolas Sarkozy en personne.
Le 18 décembre 2006, Nicolas Sarkozy, alors candidat à l'élection présidentielle, est à Charleville-Mézières pour un meeting sur le thème de "la France qui souffre".
Devant un parterre de 4000 sympathisants, il scande : "l'hébergement est une obligation humaine. [...] si on n'est plus choqué quand quelqu'un n'a plus de toit et qu'il fait froid dehors c'est tout l'équilibre de la société ou vous voulez que vos enfants vivent en paix qui sera remise en cause." Et s'engage solennellement à l'objectif ambitieux du "zéro SDF" d'ici deux ans.
Trois ans plus tard, 338 SDF sont décédés depuis le début de l'année 2009 en France, selon le collectif des Morts de la rue. Un constat, loin de la promesse de campagne du président de la République, vilipendé par le parti socialiste. Sur son site, le PS critique la "faillite de l'objectif annoncé par le futur chef de l'Etat" et rappelle qu'au moins treize personnes sont mortes entre le 9 et le 19 décembre.
(…)
En 2009, le ministère du Logement se félicitait d'avoir franchi le milliard d'euros dans la prévention de l'exclusion et l'insertion des personnes vulnérables avec un budget de 1,117 milliard d'euros, dont 958 millions d'euros dédiés au financement des structures d'hébergement.
Le budget 2010 prévoit lui 1,099 milliard d'euros à la prévention de l'exclusion et à l'insertion des personnes vulnérables. Une baisse dénoncée par les socialistes.
Dans le collimateur de la socialiste, la création d'un service public de l'hébergement et de l'accès au logement en faveur des plus démunis. "Comment Benoist Apparu peut-il décemment laisser penser qu'il a entendu le message des associations qui militent et travaillent dans le champ du droit au logement et de la lutte contre les exclusions, tout en baissant les lignes budgétaires consacrées à la prévention de l'exclusion, à l'insertion des personnes vulnérables, aux dispositifs d'accompagnement social et d'hébergement d'urgence?", souligne la maire du 1er arrondissement de Lyon.
"Peut mieux faire." C'est aussi l'avis de Bertrand Delanoë concernant le dispositf d'hébergement d'urgence annoncé par Apparu. Celui-ci avait déclaré qu'il était "totalement au point pour pouvoir répondre en termes qualitatifs et quantitatifs aux besoins, et mettre à l'abri ceux qui le souhaitent".
Une assertion que n'a pas manqué de railler le maire de Paris le 16 décembre: "'Le dispositif d'hébergement d'urgence est totalement au point', alors que le 115 est saturé, que le Samu social est loin de pouvoir répondre à toutes les demandes, et que les centres d'accueil sont débordés", s'est indigné Bertrand Delanoë.
Les socialistes ne sont pas les seuls à tirer à boulets rouges sur le gouvernement. Emmenée par Augustin Legrand et Julien Bayou, de l'association Jeudi Noir, tous deux candidats aux régionales Île-de-France, Europe écologiea réclamé la réquisition de logements vacants. Mardi, une délégation a tenté -sans succès- d'être reçue à l'Elysée par Nicolas Sarkozy pour déposer une liste de 20 immeubles parisiens vides.
Une action symbolique mais utile pour Europe Ecologie, qui a fait du logement une "priorité" de son programme pour les régionales.
Solutions d'urgence pour les SDF
Par Vincent Vantighem sur 20minutes le 16/12/2009
La vague de froid doit durer au moins jusqu'à Noël. Benoist Apparu, le secrétaire d'Etat au Logement, a exigé, hier, des préfets la mise à l'abri de tous les sans domicile fixe qui la réclament. « On ne demande pas de construire des centres dans la nuit, nous a confié son entourage. Mais bien de trouver des solutions d'urgence. » C'est bien de ça qu'il s'agit. Depuis ce week-end, le thermomètre est descendu entre - 5° C et - 10° C la nuit.
Une douzaine de départements ont activé leur plan grand froid. Et un sans-abri est « probablement » mort de la baisse des températures à Bordeaux (…).
Pire : selon nos informations, trente-huit sans-abri se sont vu refuser un hébergement d'urgence, faute de place à Paris, dans la nuit de lundi à mardi. Or, tous les lits disponibles n'avaient pas été réquisitionnés. « Il n'est pas acceptable que quelqu'un appelle le 115 et qu'il n'y ait plus de place, nous a expliqué hier Benoist Apparu. J'ai demandé aux préfets de mobiliser toutes les places. Si cela ne suffit pas, on complétera avec des nuits d'hôtel. »
Après cette mise au point, le secrétaire d'Etat a d'ailleurs reçu les associations. A l'ordre du jour de la réunion : la gestion des places disponibles par le Samu social (115). « Actuellement, le Samu ne gère que 40 % des places à Paris, poursuit le secrétaire d'Etat. Les autres places sont mises à disposition des maraudes, des accueils de jour... » Ce temps-là est bientôt révolu. Benoist Apparu compte sur le Samu social. Dès le début du mois de janvier, « sa capacité de gestion sera poussée à 100 % des places disponibles afin de ne laisser personne à la rue. » D'ici là, il faudra faire avec les moyens du bord.
Tollé après les propos de Lefebvre sur les Afghans
Par CÉDRIC MATHIOT le 16/12/2009 pour Libération
Justifiant les expulsions, le porte parole de l'UMP estime que les exilés afghans «dans la force de l'âge» doivent «assumer» leur devoir et défendre leur liberté dans leur pays. Les associations s'indignent.
«Des propos scandaleux». Alors que neuf Afghans ont été renvoyés à Kaboul, les propos de Frédéric Lefebvre justifiant les expulsions d’Afghans suscitent une vive polémique parmi les associations. Hier, le porte parole de l’UMP affirmait dans un communiqué : «Alors que de nombreux pays du monde, dont la France, sont engagés en Afghanistan, qui pourrait comprendre que des afghans dans la force de l’âge n’assument pas leur devoir, et échappent à la formation que, notamment les forces françaises, leur proposent pour défendre leur propre liberté dans leur pays?».
Argument repris presque mot pour mot ce mercredi par le député UMP Thierry Mariani: «Des militaires français sont engagés sur le terrain en Afghanistan, la France a pris le parti de soutenir la reconstruction de ce pays et il est, dans ces conditions, difficilement concevable que la jeunesse de ce pays ne prenne pas toute sa part à cet effort», insiste-t-il dans un communiqué, expliquant avoir plus d'«estime» pour les «jeunes Afghans qui ont fait le choix de rester dans leur pays pour le reconstruire et lutter contre les talibans aux côtés des soldats français qu'à ceux qui le fuient».
«C’est énorme, populiste, et scandaleux, s'indigne Damien Nantes, responsable national de la Cimade, association présente dans les centres de rétention et l'une des premières à alerter sur l'expulsion de mardi soir. Et cela témoigne surtout d’une méconnaissance totale de la situation en Afghanistan. On parle là de jeunes gens qui sont persécutés, en proie à des pressions de parts et d’autres, de la part des Talibans, des factions, qui vivent dans un pays qui connaît le chaos.»
Un argumentaire développé sur la Toile
Contacté par Libération, Pierre Henry, président de l’association France Terre d’asile, a vivement réagi lui aussi: «Depuis quand transforme-t-on sur simple volonté du porte parole de l’UMP des civils en militaires ou en résistants? Il faudrait rappeler à Monsieur Lefebvre que même dans notre beau pays, en 1940, toute la population française ne s’est pas transformée en résistants. Jusqu'à présent, on pouvait lire jusque là ces propos dans des forums ou des blogs, pas dans la bouche de dirigeants politiques ».
De fait, le communiqué de Frédéric Lefebvre reprend un argumentaire développé sur la Toile par des militaires. La prose du porte-parole de l'UMP est ainsi très proche de celle de Jean Salvan, général en retraite, qui avait envoyé une tribune au courrier des lecteurs du Monde. Cette lettre a une seconde vie sur le web, puisqu’elle tourne sur tous les forums, blogs et sites de presse. «J'étais révolté, écrit le général, en regardant les informations le 27 septembre. A Calais et diverses villes de France, de jeunes Afghans, en pleine forme, venus chercher fortune en Europe ( .../...). Tous les jours, de jeunes militaires américains, britanniques, français etc. se font tuer pour défendre en Afghanistan les droits de l’homme et de la femme. Pendant ce temps, des Français dont la générosité dépasse le bon sens, entretiennent ces jeunes Afghans qui ont refusé de participer au combat que nous menons. Cela porte un nom: ils sont insoumis ou déserteurs. Si notre gouvernement croit sérieusement à l’engagement occidental en Afghanistan, pourquoi ne pas avoir embarqué ces jeunes gens dans des avions pour Kaboul, et les avoir confiés aux centres de formation des polices et des armées afghanes ?»
Comme l'avait noté le blog Secret défense de Libé.fr, le général Claude Le Borgne, au nom de l'association de soutien à l'armée française (ASAF), avait réagi dans les mêmes termes à la polémique sur les expulsions : «Alors que nos soldats risquent leur peau en Afghanistan (.../...), nous devrions ouvrir nos portes à ceux d’entre eux qui refusent les risques d’une guerre autochtone? Nous voici complices de leur désertion. Car c’est bien de cela qu’il s’agit: ceux qui se réfugient chez nous désertent le combat qu’il leur faudrait mener».